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Poser des limites aux patients : pourquoi c’est essentiel (et comment le faire sans conflit)
Poser des limites aux patients : pourquoi c’est essentiel (et comment le faire sans conflit)
Les libéraux sont souvent très disponibles… parfois trop. Poser des limites claires n’est pas un manque de professionnalisme : c’est une condition essentielle pour travailler sereinement, éviter les débordements et préserver la relation soignant–patient.

Sarah Delmas
22 août 2025
Dans le soin libéral, les patients ont souvent l’impression que le soignant est “toujours là” :
pour répondre, rassurer, ajuster un horaire, gérer une urgence, écouter une inquiétude, repasser plus tard…
Cette proximité est précieuse, mais elle peut devenir envahissante si rien n’est cadré.
Certains patients appellent en dehors des horaires, envoient des messages tard le soir, demandent des passages supplémentaires, insistent pour être vus en priorité ou contournent les règles fixées.
Poser des limites n’est pas un acte de distance :
c’est un acte de protection, de respect mutuel et de qualité de soin.
Voici comment installer ce cadre de manière claire, professionnelle… et sans conflit.
1. Comprendre que poser une limite protège les deux parties
Une limite n’est pas une barrière.
C’est un repère.
Elle protège :
– le soignant (fatigue, surcharge, stress),
– le patient (qualité de soin, cohérence, confiance),
– la relation (éviter les frustrations, les malentendus).
Sans limites, tout devient flou et source de tension.
2. Présenter les règles dès le début de la prise en charge
Les limites passent beaucoup mieux lorsqu’elles sont expliquées en amont.
Quelques éléments simples suffisent :
– horaires de passage,
– créneaux de réponse aux messages,
– fonctionnement des urgences,
– jours non travaillés,
– règles de communication (appel vs message),
– comportement attendu.
Dire les choses tôt évite d’avoir à “recadrer” plus tard ce qui est toujours plus délicat.
3. Expliquer la logique derrière la limite
Les patients acceptent beaucoup mieux une règle lorsqu’ils en comprennent le sens.
Par exemple :
“Je ne peux pas répondre aux messages après 19h, cela me permet d’être vraiment disponible pour vous le lendemain.”
ou
“Je respecte un ordre de tournée structuré pour éviter les retards, je ne peux pas décaler votre horaire chaque jour.”
La justification calme, logique et professionnelle désamorce l’opposition.
4. Garder une communication claire, posée et constante
Les limites fonctionnent uniquement si :
→ elles sont prononcées calmement,
→ elles sont cohérentes dans le temps,
→ elles ne changent pas selon la situation.
Une mauvaise habitude : dire oui une fois “par exception”.
Le patient le retient… et considère cette exception comme une règle.
La constance est la clé.
5. Utiliser des phrases neutres, non accusatoires
Pour éviter les conflits, privilégier des formulations neutres :
– “Ce n’est pas possible pour moi.”
– “Je vous rappelle dans ma plage dédiée.”
– “Je comprends votre demande, mais je dois respecter ma tournée.”
– “Je peux vous proposer telle solution.”
On reste ferme, mais bienveillant c’est la posture la plus efficace.
6. Ne pas se justifier excessivement
Un piège courant : vouloir trop expliquer.
Plus on se justifie, plus on perd en autorité professionnelle.
Une limite simple + une phrase de contexte suffisent.
Le reste relève du cadre, pas de la négociation.
7. Gérer les réactions difficiles sans se laisser déstabiliser
Certains patients testent les limites :
insistance, culpabilisation, irritation…
Règle d’or : rester calme et répéter la limite sans s’énerver.
Exemple :
“Je comprends votre inquiétude. Comme expliqué, je ne peux pas décaler la tournée, mais je passerai dans le créneau prévu.”
Le calme désamorce complètement la tension.
8. Rappeler que des limites claires garantissent un soin de qualité
Le patient doit comprendre que la limite n’est pas “contre lui”.
Elle existe pour assurer :
– un rythme de tournée cohérent,
– un soin de qualité pour chacun,
– la sécurité du soignant,
– la stabilité de la relation.
C’est ce message qui permet une relation saine sur la durée.
Conclusion
Poser des limites n’est ni un manque d’empathie, ni une froideur professionnelle.
C’est la base d’une relation saine, respectueuse et durable entre patient et soignant.
Un cadre clair protège votre équilibre, renforce la confiance et vous permet d’exercer dans des conditions justes pour vous comme pour vos patients.
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