>
>
Gérer les situations difficiles : agressivité, demandes abusives, pression émotionnelle
Gérer les situations difficiles : agressivité, demandes abusives, pression émotionnelle
Au domicile comme au cabinet, les libéraux sont parfois confrontés à des comportements agressifs, à des demandes déraisonnables ou à une forte pression émotionnelle. Savoir réagir avec calme et professionnalisme permet d’éviter l’escalade… tout en protégeant son équilibre personnel.

Sarah Delmas
15 août 2025
Travailler en libéral expose à des situations humaines complexes :
patients tendus, familles anxieuses, demandes qui sortent du cadre, agressivité verbale, comportements intrusifs, pression émotionnelle intense…
Ces moments peuvent être déstabilisants, fatigants et parfois même menaçants.
La clé n’est pas d’être insensible, mais de savoir se protéger tout en restant professionnel.
Avec les bonnes attitudes et les bons mots, il est possible d’apaiser la situation, de poser un cadre clair et d’éviter qu’un incident ne prenne de l’ampleur.
Voici les stratégies les plus efficaces pour gérer les situations difficiles du quotidien.
1. Garder une attitude calme et stable (même si la pression monte)
Le ton émotionnel d’une scène dépend souvent du soignant.
Quand le patient s’énerve, si vous restez :
– posé,
– constant,
– professionnel,
– non réactif,
… la tension baisse automatiquement.
L’agressivité se nourrit d’agressivité pas du calme.
Un ton neutre et une posture ouverte sont déjà des outils de désescalade.
2. Fixer un cadre immédiatement quand la situation dérape
En cas d’agressivité ou de comportement déplacé, il faut poser une limite claire, courte, ferme :
– “Je veux bien continuer à vous aider, mais pas dans ces conditions.”
– “Nous pouvons parler, mais je ne peux pas accepter les insultes.”
– “Je comprends votre stress, mais je dois rester en sécurité pour vous soigner.”
Dire cela calmement crée un cadre et vous protège.
3. Ne jamais prendre les attaques personnellement
Dans 90 % des cas, l’agressivité n’est pas dirigée contre vous, mais contre :
– la douleur,
– la fatigue,
– l’anxiété,
– une situation familiale compliquée,
– un sentiment d’abandon,
– une perte de contrôle.
Rappeler intérieurement cette réalité aide à garder de la distance émotionnelle.
4. Répondre à la demande… sans céder au débordement
Certaines demandes sont légitimes, d’autres dépassent clairement le cadre :
horaires impossibles, passages supplémentaires, pressions pour être prioritaire…
La réponse doit être professionnelle :
– “Je comprends votre demande. Voici ce que je peux faire.”
– “Ce point ne dépend pas de moi, voici la procédure.”
– “Je dois respecter ma tournée, je ne peux pas avancer / reculer votre horaire.”
Vous apportez une solution sans sortir du cadre.
5. Identifier les signaux de montée en tension
Quelques indices annoncent une situation difficile :
– voix qui monte,
– gestes vifs,
– discours pressant,
– agitation,
– anxiété visible,
– reproches indirects.
Repérer ces signes permet d’agir tôt :
parler plus lentement, adopter une posture ouverte, reformuler, montrer que vous écoutez.
6. Protéger son intégrité : la règle du “stop si danger”
Dans certaines situations (violence, menaces, agressivité forte), il faut mettre fin immédiatement à l’échange :
– “Je dois partir, je reviens quand la situation sera plus calme.”
– “Je mets fin à cette visite pour aujourd’hui.”
Le soignant n’est jamais obligé de rester dans un environnement dangereux.
7. Utiliser la reformulation pour apaiser l’émotion
Une simple reformulation peut désamorcer une tension :
– “Vous êtes inquiet, je comprends.”
– “Vous avez peur que la situation s’aggrave.”
– “Vous êtes fatigué de gérer tout ça.”
Nommer l’émotion la fait baisser.
Le patient se sent entendu et calme son discours.
8. Se protéger après coup : extraction émotionnelle
Après une scène difficile, il est essentiel de :
– respirer un moment dans la voiture,
– en parler à un proche ou un collègue,
– écrire ce qui s’est passé,
– reconnaître que la situation était lourde.
Garder cela en soi alimente la fatigue mentale et augmente le risque d’épuisement.
Conclusion
Gérer les situations difficiles fait partie du métier, mais cela ne doit jamais se faire au détriment de votre sécurité ou de votre équilibre mental.
Avec les bons réflexes, une communication posée et un cadre clair, il est possible d’apaiser la plupart des tensions tout en préservant son bien-être et la qualité de la relation soignant–patient.
Notre mission
Le Cercle Libéral délivre un contenu fiable, indépendant et directement utile aux professionnels de santé libéraux. Analyses, conseils, outils : tout est conçu pour renforcer votre pratique, optimiser votre organisation et sécuriser votre activité au quotidien.
Articles à la une
Explorer les thèmes


















